Réflexion - S'habiller éthique

 

Bonjour !

Je crois qu’il est grand temps que je vous parle d’un sujet qui me tient énormément à cœur. J’ai très souvent pensé à écrire cet article, mais je ne savais comment amener tout cela de la bonne façon, comment trouver les bons mots pour parler de ces problématiques un peu délicates.

Avant de commencer, j’aimerais préciser que mon ton n’est nullement accusateur ou moralisateur, et que j’ai seulement envie de partager mes réflexions avec vous. Peut-être que parmi vous certains n’ont pas conscience de la situation, et si une seule personne peut apprendre des choses comme on me les a apprises il y a quelques années, je serais plus qu’heureuse !

 

 

 

Vous savez déjà qu’en lançant la friperie Look-Vintage, j’avais très envie de porter un projet éthique. En vous proposant de donner une seconde vie à des vêtements, j’aspire à défendre plusieurs valeurs :

  • Celle du recyclage : un vêtement déjà porté et dont on ne veut plus peut être porté à nouveau par une autre personne, plutôt que d’être jeté, et ça, c’est chouette !
  • L’idée de ne pas porter la même chose que son/sa voisin(e) : c’est plutôt gratifiant, non ? Alors qu’en allant dans une grande chaine de magasins connus de tous, notre style, on le sent, pourrait être plus original...

 

Pour tout vous avouer, lorsque j’ai commencé Look-Vintage, il y a plus de quatre ans maintenant, ma réflexion s’arrêtait là. Je trouvais cela génial, de pouvoir acheter pour moins cher, des articles originaux, et de participer par-là à stopper la surproduction de vêtements dans le monde.

En quatre ans, j’en ai parcouru des vide-greniers, des usines de recyclage, et j’ai fouillé dans des tonnes et des tonnes de vêtements d’occasion, dont les premiers acheteurs s’était débarrassés. Parfois, j’en avais la nausée. Je me disais « Mais ce n’est pas possible… Tous ces vêtements qui ont été achetés, portés (parfois très peu), et jetés... Comment peut-on encore en fabriquer ?! ».

 

L'effondrement de l'usine de confection textile Rana Plazza, au Bangladesh, en 2013

 

J’ai alors compris une chose : la façon dont on consomme, ici, dans nos pays industrialisés, est problématique. Un vêtement est devenu un bien jetable.

Attention, je ne veux jeter de pierre à personne ici, sauf peut-être aux grands groupes industriels qui ont fait de la mode ce qu’elle est aujourd’hui. Je pense pouvoir dire que tout le monde, et moi-même y-compris, a connu un jour la joie de craquer pour un petit haut chez une enseigne de fast-fashion pour presque rien.

 Puis, j’ai commencé à me renseigner sur les marques, sur les conditions de fabrication, sur la façon dont nous participons à tout cela. Après avoir lu des articles, et visionné plusieurs reportages, j’ai compris pas mal de choses : des gens à l’autre bout du monde sont exploités pour que nous puissions nous habiller.

Il faut que nous réalisions une chose : qui, parmi nous, à réellement besoin de s’acheter encore des vêtements ? Nos placards en sont remplis à ras-bord. Nous en avons tellement que nous en jetons régulièrement (75% de nos achats textiles finissent à la poubelle !).

 

Une usine au Cambodge

 

Comment en est-on arrivé là ? A ce que des gens risquent leurs vies et leur santé pour satisfaire nos caprices fashion ? A des absurdités pareilles ?

J’ai également appris que nous mettions notre propre santé en danger : ces vêtements made in Cambodge, made in Bangladesh, made in China, sont fabriqués à partir de matières et teintures souvent toxiques. Non seulement on est en train de tuer des régions sous-développées en empoisonnant leurs sources d’eau et leurs terres, mais en plus on porte au quotidien des articles toxiques.

Toutes ces informations m'ont fait redoubler d’efforts pour mon entreprise : pour lutter pour une mode éthique, pour lutter contre ce qu’est la mode aujourd’hui, et peut-être réussir à fermer l’œil la nuit.

Je suis totalement consciente du problème et des réactions que l’on peut avoir en lisant cet article.

« Comment fait-on, quand on n’a pas les moyens, pour se faire plaisir en achetant des vêtements ? ». Et je suis la première consternée du constat : effectivement, quand on n’a pas des moyens illimités, on ne peut pas forcément se tourner vers des vêtements de créateurs, ou vers des vêtements fabriqués en France, qui sont obligatoirement plus chers..

Personnellement, j’ai quelques astuces. Loin de moi l’idée de vous dire ce qu’il faut faire et ne pas faire, je vous partage simplement ma façon de penser, libre à vous de ne pas la suivre !

  • J’ai décidé de boycotter certaines marques. Pour ne pas être tentée, je ne rentre tout simplement plus dans leurs magasins... Et croyez-moi, c’est beaucoup plus facile que ce qu’il n’y parait ;)
  • Ça ne veut pas dire que je ne peux plus du tout porter de vêtements issus de la fast-fashion. Mais je refuse de continuer à financer les marques. L’astuce, c’est donc de les acheter d’occasion, sur vinted par exemple !
    Ça ne règle toutefois pas le problème de la toxicité du vêtement... J’essaie donc de me limiter.
  • Acheter moins, mais mieux.
    Il reste donc la solution du « Fabriqué en France ». Bien sûr, c’est plus cher. Mais le calcul est vite fait. Les 20€ de "shopping bas de gamme" par mois, sur un an, cela fait 240€ d’économisés ! Avec cette somme, on peut craquer sur une ou deux pièces plus chères, mais que l’on peut garder des années (et oui ! On a toutes connu le vêtement à 19,99€ qui bouloche au bout de deux lavages, ou encore le haut qu'on a vu sur tous les blogs, ou celui qui n'est clairement plus "à la mode" l'année suivante..). Ce n’est pas du tout la même façon d’acheter : c’est remplacer un achat compulsif par un achat coup de cœur. Quand il est récurrent de regretter le 1er, c’est souvent plus rare concernant le 2ème ! L’article acheté représente quelque chose : il a une histoire, il a été imaginé avec amour par un créateur, il peut avoir créé des emplois en France, bref, il a fait du bien. Et il vous fait du bien !

 

Je ne peux que vous encourager à vous renseigner sur les conditions de fabrication des vêtements que vous achetez, si vous êtes sensibles à ce sujet. On ne peut pas être irréprochable à tout point de vue, mais je reste persuadée que si chacun ajoute une brique à l’édifice, nous allons vers un avenir meilleur !

 

J'espère que cet article vous parlera..
 
A très bientôt,

 

Johanna

 

Les liens intéressants :

VIDÉO – H&M, le côté obscur de la fringue

VIDÉO – Le monde selon H&M

VIDÉO – Textile, mode toxique

VIDÉO – Textile, la colère des exploitées

VIDÉO – Bangladesh, morts pour nos habits ?

VIDÉO – Cambodge : le salaire de la faim

 ÉMISSION RADIO - France Inter - Comment sont fabriqués nos vêtements ?

 

ARTICLES

Le prix des choses, de la bloggeuse Coline

Vietnam, à la rencontre des jeunes ouvrières

Vêtements, la fibre éthique

Des produits toxiques dans les vêtements de 14 grandes marques

Dans l’enfer des petites mains qui confectionnent vos fringues

 

Le travail du super collectif "Éthique sur étiquette" :

Droits Bafoués, quel est le problème ?

Mémo du consommateur citoyen

Le sablage de nos jeans

Décomposition du prix de T-Shirt

Les excuses des marques

 

Et également, pour trier et recycler correctement vos vêtements :

La fibre du tri

 

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8 commentaires

Quel bon article!
Je me suis mise à regarder des documentaires sur ce sujet et je conseille vraiment de voir The True Cost, dispo sur Netflix, Itunes et autres supports.
Merci Johanna :)

Marjolaine 31 août 2016

Bonjour Johanna et merci pour ton article.
Je n’ai pas un gros budget non plus, donc les fringues c’est à l’occaz et dans les grandes enseignes et à “pas cher”… Je vis en Guadeloupe depuis 11 ans, cela m’arrive fréquemment d’aller vendre les habits de la maison aux puces et de diversifier ma garde robe avec des vêtements d’occasion et ceci pour toute la famille. Une mère de famille était ravie d’acheter de la layette en gros et à tout petit prix.
Ici en Guadeloupe et depuis peu (peut-être qu’en métropole c’est connu), nous avons la gratiferia. C’est une fois par mois, et c’est un vide-grenier gratuit. Nous venons avec des articles divers (livres, fringues, mobiliers, jouets….) en bon état et nous les offrons à qui est intéressé. Il y a une charte de bonne conduite du genre " ne pas tout prendre, laisser aux “visiteurs” qui arrivent plus tard dans la journée, prendre par besoin, et ne pas revendre… "
Autre alternative que je pratique depuis quelques années, la couture. J’ai une robe Promod avec une forme que j’aime beaucoup, mais à souvent 40€, ce n’est pas accessible souvent. Je me suis donc achetée du tissu et ma vraie Promod m’a servie de gabarit pour d’autres robes “maison”….
Voilà mes idées pour une consommation différente.

Sandrine 29 avril 2016

Merci de nous ouvrir les yeux sur ces entreprises que tout le monde vante… en ce qui me concerne, je vais davantage ouvrir l’œil et éviter toutes ces enseignes.

Océane 28 avril 2016

Merci pour cet article ! C’est également un sujet qui me touche beaucoup depuis pas mal de temps. Aujourd’hui j’achète la plupart de mes vêtements en friperies (et ici =) ) et aussi sur Ebay ou Videdressing et autres (malheureusement j’ai du mal à trouver des solutions pour certains comme les collants, si tu as des adresses…). Je me suis rendue compte que je n’avais pas besoin d’acheter autant de vêtement qu’on voulait me le faire croire. Au final avoir un énième top ne me rend pas plus heureuse ou épanouie et quand je vois la manière dont tout est fabriqué, je préfère encore opter pour une alternative plus chère mais plus équitable et respectueuse, quitte à attendre les soldes. Après je suis loin d’être parfaite, je fais beaucoup d’écarts car il n’est pas toujours facile d’échapper à ce système, mais j’essaie vraiment de faire de mon mieux en me renseignant sur les marques que j’achète et leur éthique.

Je ne sais pas si tu l’as vu, mais il y a aussi le documentaire The True Cost sur Netflix, excellent sur le sujet de la fast fashion.

Merci encore et bonne soirée !

Cyrielle 27 avril 2016

Bravo johanna et merci pour ces mots. Je pense qu’il est important de rappeler qu’aujourd’hui nous avons le pouvoir en tant que citoyen (ou consommateur) d’acheter responsable. Et c’est aussi dans le but d’aider le plus possible de monde à s’y retrouver que nous avons décidé avec des copines de lancer une carte des friperies de France (friperie, magasins de seconde main…), modestement, le travail de référencement est long et laborieux mais il nous semble indispensable pour développer ce type de consomm’action. Si tu as des friperies coup de <3 à Lyon ou ailleurs et que tu imagines intégrées dans cette carte, n’hésites pas à nous en faire part…car vive la collaboration :) Ton site, tes photos et articles sont au TOP by the way… bonne continuation

Hélène pour “La Friperie Nomade”

Helene 27 avril 2016

Merci pour cet article qui soulève un gros souci et une grosse arnaque de la part de l’industrie de la mode :/ Il est grand temps de consommer plus responsable ! Je vous invite à découvrir par exemple cette marque 100% made in Barcelona et faire trade : www.paretoshoponline.com et bien sûr il en existe beaucoup d’autres ;-)

David Couturier 27 avril 2016

C’est exactement la méthode que j’applique depuis 2 ans :)
Ne plus rentrer chez H&M (d’ailleurs les rares fois où c’est arrivé j’ai été dégoutée de l’aspect cheap et synthétique des vêtements, de la masse, on perd vite l’habitude!),
acheter moins et mieux,
toujours regarder les étiquettes (matériaux surtout et pays de fabrication, sans pour autant boycotter certains pays car j’ai appris que cela ne résout pas le problème).
Je n’ai pas calculé vraiment mais j’ai l’impression qu’au total je dépense moins d’argent en vêtements. On devient rapidement plus regardant sur la qualité et moins addict à l’acte d’acheter. On achète donc vite moins, et sans se forcer pour autant :)

Lise 27 avril 2016

Hello johanna!
Que tu as raison, tous ces achats compulsifs qui finissent au placard sans que l’on se soucie de la personne qui les ont fabriqués. Alors qu’il est si bon de se faire plaisir avec un vêtement qui a une histoire ou que l’on a désiré pendant des semaines avant de pouvoir enfin se l’offrir. Achetez moins, achetez mieux! Votre garde robe sera plus compacte et bien plus solidaire !

VEga 27 avril 2016

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